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P. Armel Duteil

COMMENT NOUS PREPARER AUX JMJ ?


Le dimanche 15 janvier a eu lieu à la paroisse Notre Dame du Cap-Vert de Pikine, le lancement des JMJ pour le diocèse de Dakar. Cela a été une grande manifestation dans la prière et dans la joie. Mais maintenant, comment continuer ? Que faire pour préparer ces JMJ ?


Naissance des JMJ :

JMJ, signifie Journées Mondiales de la Jeunesse. Cela veut dire qu’elles seront célébrées dans le monde entier. Mais aussi qu’elles s’adressent à tous les jeunes, et pas seulement aux chrétiens. D’ailleurs, elle a été lancée en 1985, l’année suivant l’Année Internationale de la Jeunesse décidée par l’ONU, cette année qui a cherché à écouter les jeunes, et à voir les problèmes de la jeunesse à cette époque. Le Pape Jean Paul II a alors remis la croix des JMJ qui va passer dans le monde entier. Le but de ces JMJ c’est donc d’abord de donner la parole aux jeunes et de les responsabiliser. Pour chercher ensuite avec eux des solutions à leurs problèmes, que ce soit le manque d’éducation, les problèmes de chômage et aussi tous les problèmes de délinquance : drogue, alcool, violences, etc.Car la violence se développe de plus en plus dans le pays. On ne sait plus se parler avec respect, on s’insulte. Quand on n’est pas d’accord avec l’autre, on commence à se disputer et cela tourne aux bagarres : on frappe les autres, on les blesse, et parfois on va jusqu’à les tuer. Cela arrive malheureusement chaque jour au milieu de nous. Il s’agit donc, à l’occasion de ces JMJ, de s’asseoir, de réfléchir aux problèmes de la jeunesse, et de voir avec eux ce qu’il est possible de faire. Avec eux, c’est-à-dire d’abord en les écoutant et en leur donnant la parole. Parce que les problèmes de la jeunesse, ceux qui les connaissent le mieux, ce sont les jeunes eux-mêmes. Ce sont eux qui les vivent, et c’est donc eux qui peuvent proposer des solutions valables, et adaptées à leur vie. Nous les adultes, trop souvent, nous voulons aider les jeunes. Mais nous venons avec nos propositions, et même nos solutions, décidées par nous-mêmes. Et même venues d’en-haut, sans véritable consultation des jeunes. C’est pour cela que ça ne marche pas. Si les jeunes ne sont pas vraiment impliqués, s’ils ne sont pas responsables eux-mêmes des actions à mener, ils ne se sentiront pas concernés, et ils n’agiront pas.


La première chose à faire donc après ce lancement des Journées Mondiales de la Jeunesse, c’est donc d’aller à la rencontre des jeunes dans l’amitié et le respect. De leur parler, pas pour les conseiller, mais d’abord pour les écouter. Lorsqu’ils nous proposent des actions, bien sûr nous réfléchissons avec eux, pour voir si elles sont vraiment adaptées et possibles à mener. Et à ce moment-là, on agit ensemble. Et on essaie d’agir avec le maximum de personnes, en nous appuyant sur notre foi commune dans le Dieu unique, le Tout Puissant, comme l’indique le thème des Journées de cette année. Car ces Journées Mondiales de la Jeunesse s’adressent à tous les jeunes. Nous voulons en faire une occasion pour réveiller et mobiliser les jeunes, leur permettre d’agir, pas seulement les chrétiens mais tous les jeunes ensemble, quelle que soit leur ethnie et leur religion. Pour cela, il va être important que les amicales et les coordinations paroissiales des jeunes (CPJ) cherchent à partager leur réflexion avec les jeunes qui les entourent, dans les écoles, dans les quartiers, dans les associations, que ce soit les ASC (Associations Socio Culturelles), les équipes de football ou de lutte, et tous les regroupements de jeunes. La première chose à faire est donc que chaque amicale recense dans son quartier quels sont les groupements de jeunes qui existent. Et se tienne au courant des différentes conférences, des forums, ou même plus simplement des rencontres informelles, personnelles ou communautaires, des tours de thé, etc. En contacter les organisateurs, et leur demander un temps de parole, pour expliquer le sens de ces JMJ et les actions à mener.âtre) Et même présenter une animation sur les JMJ : le Jungle, d’autres chants, les affiches, un sketche (théâtre, danses),etc…C’est cela la première action à mener.


Ensuite, organiser une sensibilisation dans les rues, comme les jeunes de la paroisse de Pikine l’on fait le dimanche 15 janvier. Ils sont partis de Thiaroye, en portant la banderole des JMJ dans les quartiers tout au long du chemin jusqu’à Pikine, accompagnés par les chants et les tam-tams. Ils ont eu ainsi l’occasion, non seulement de montrer cette banderole, mais de répondre aux questions qui leur étaient posées.


Bien sûr cela demande d’abord une réflexion dans les amicales. Pas seulement pour rechercher des fonds, ou acheter des casquettes et des tee shirts. Mais d’abord une véritable réflexion spirituelle, pour comprendre le sens profond de ces JMJ. C’est ce qui a été fait à cette journée de lancement, mais qu’il faut continuer.


Le sens de la croix :

Dans cette rencontre de lancement des JMJ pour le diocèse de Dakar, le doyenné a reçu la croix de Jésus Christ. Au cours de la célébration, on a expliqué longuement le sens de cette croix, la croix de Jésus Christ qui nous sauve. On a expliqué comment accueillir cette croix, en rappelant les paroles de Jean Paul II et de Benoît XVI. Mais il ne s’agit pas seulement d’accueillir la croix de Jésus Christ dans la prière, il faut l’accueillir dans notre vie, pour vivre dans la foi. Il s’agit aussi d’aider tous ceux qui portent leur croix chaque jour : tous ceux qui souffrent, qui sont rejetés, abandonnés, chassés de la société, tous ceux qui sont victimes des injustices, qui sont écrasés, opprimés et découragés. Un grand savant, en même temps qu’un grand écrivain chrétien, Pascal, écrivait : « Le Christ est en agonie jusqu’à la fin du monde, il ne faut pas dormir pendant ce temps-là ». Et Jésus Christ nous demandera à la fin du monde : » j’avais faim, j’étais nu, j’étais malade, j’étais en prison, j’étais étranger, qu’est-ce que tu as fait pour moi ? Tout ce que tu fais au plus petit de tes frères, c’est à moi que tu le fais ».


Le 15 janvier, nous avons accueilli la croix de Jésus Christ. Il s’agit maintenant d’accueillir Jésus Christ qui souffre dans chacun de nos frères. D’accueillir ceux qui doivent porter une lourde croix chaque jour, parce qu’ils sont malades, parce qu’ils n’ont pas de travail, parce qu’ils sont analphabètes, parce qu’ils dorment dans la rue, parce qu’ils sont infirmes, parce qu’ils sont orphelins, parce qu’ils sont rejetés par leurs camarades, parce qu’ils ont dû quitter leur village et qu’ils trainent en ville avec tous les problèmes. C’est ceux-là que nous voulons accueillir maintenant, en reconnaissant la présence de la croix Jésus en eux. C’est pour eux que nous voulons agir, avec l’aide de Jésus-Christ et la force de sa Croix, pendant tout ce temps qui nous reste, jusqu’à la célébration des JMJ. Nous ne pouvons pas accueillir la croix de Jésus Christ en vérité, si nous n’accueillons pas tous ceux qui portent leur croix aujourd’hui. Jésus nous a dit : « Celui qui veut être mon disciple, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ». Mais Il nous demande aussi d’aider, de soutenir et de trouver des solutions, pour tous ceux qui portent leur croix chaque jour, à la suite de Jésus Christ.


Le thème des JMJ : Le chant de Marie

Dans cette célébration du 15 janvier, on a expliqué aussi le thème des JMJ. : « Le Puissant fit pour moi des merveilles » (Luc 1, 49). Le Puissant, bien sûr, c’est Dieu. Et nous avons chanté avec joie, pour dire merci à Dieu, pour toutes les merveilles que Dieu a fait dans la vie de Marie. Cette joie et cette reconnaissance nous pouvons la partager avec les autres croyants qui sont autour de nous.. On parle très souvent de Marie dans le Coran, elle est respectée par les musulmans. Elle est notre modèle à tous. Nous cherchons à nous rappeler comment Marie a vécu dans la foi : Nous voulons accueillir la Parole de Dieu, comme Marie a accueilli les paroles de l’ange Gabriel et a accepté d’être la Mère de Dieu. En ayant sa charité pour aller aider sa cousine Elisabeth qui était enceinte, âgée, et qui n’avait jamais accouché. Nous voulons ouvrir les yeux, en étant attentif aux souffrances de nos frères et à leurs difficultés, comme Marie l’a fait à Cana. En étant auprès de nos frères qui souffrent, comme Marie était debout au pied de la croix. En rassemblant nos frères en communauté, dans la prière, comme Marie a rassemblé les apôtres le jour de la Pentecôte, pour accueillir le Saint Esprit. Et alors les apôtres sont partis annoncer la Bonne Nouvelle de l’Evangile dans le monde entier. Ces JMJ sont un appel à faire la même chose, partout où nous allons. 


« Le Puissant fit pour moi des merveilles ». Ces paroles sont le début du chant de Marie, le Magnificat, que nous avons chanté le 15, tous ensemble dans la joie : Dieu a fait des choses merveilleuses. Le Seigneur a fait pour moi des grandes choses, des merveilles. Il a fait des miracles, des œuvres puissantes « par la force de son bras ». Marie dit : « Il a jeté les yeux sur sa petite servante. » Nous vivons ces JMJ dans l’humilité en nous abaissant, pas seulement devant Dieu, mais aussi devant nos frères. Pour rejoindre ceux qui sont humiliés, et les relever. Jésus nous a dit : « Celui qui accueille un enfant, c’est moi qu’il accueille »(Mat 18,5). 

Dieu a fait des merveilles en Marie, Il continue à faire des merveilles en chacun de nous. Car nous aussi nous avons reçu le Saint Esprit. Ces JMJ sont donc l’appel à découvrir les merveilles que Dieu fait dans notre vie, pour lui dire merci. C’est un appel aussi à voir les merveilles que Dieu fait autour de nous. Car Jésus continue d’agir dans le monde. Dieu continue à faire de grandes choses dans notre société, dans nos quartiers, dans nos familles, dans nos lieux de travail, dans nos loisirs, partout où nous allons. Ce thème des JMJ « Le Puissant fait pour moi des merveilles » est un appel à ouvrir nos yeux, pour voir de grandes choses qui sont autour de nous. Jésus nous a demandé de lire les signes des temps ((Luc 13,56. Mat 16,2) c’est à dire voir ce qui se passe aujourd’hui dans le monde. Pour qu’Il ne nous fasse pas le même reproche qu’aux pharisiens : « vous savez lire ce qui se passe dans le ciel. Quand il y a un vent d’est, vous dites qu’il y aura un vent de sable. Quand le ciel est noir, vous dites qu’il va pleuvoir. Mais vous ne savez pas voir ce que Dieu fait chaque jour dans le monde ». Nous cherchons donc à regarder dans notre propre vie, dans nos familles, dans nos communautés chrétiennes mais aussi dans nos quartiers, dans nos lieux de travail et partout où nous allons, quelles sont les grandes choses que Dieu continue à faire.


Marie chante dans son chant : « Le Puissant fit pour moi des merveilles. Il a relevé les humbles. Il donne à manger à ceux qui ont faim, et renvoie les riches les mains vides ». C’est cela que nous voulons faire, chacun d’entre nous, à l’occasion de nos JMJ. Personnellement, dans nos amicales de jeunes, dans nos CEB, dans nos mouvements et nos associations, et dans toute notre Eglise. Notre société est entrain d’avancer. Il y a encore beaucoup de souffrances et de gens qui portent leur croix, comme nous l’avons dit. Mais il y a aussi beaucoup de gens qui les aident. Et beaucoup de gens qui se relèvent, qui se mettent debout et qui trouvent des solutions. Marie chante : » Le puissant a abaissé les orgueilleux. Il a renversé les forts et les puissants de leur siège de chef ». Dieu agit au niveau du pays. Par exemple l’Acte 3 de la Décentralisation nous permet vraiment, de faire grandir le Royaume de Dieu autour de nous. Les JMJ sont une grande occasion pour nous y engager.


Marie continue : « Le Puissant est venu en aide au peuple d’Israël son serviteur, comme Il l’avait promis à nos ancêtres ». Ces CEB sont aussi l’occasion de voir comment vivre nos valeurs traditionnelles, aujourd’hui dans le monde moderne. Nous en parlons sans cesse et que nous avons tellement de peine à les appliquer : la teranga, ngor, diom, yarou, teggin, kërsa, soutoura, mougne, et tant d’autres valeurs. C’est cela que Dieu a fait connaître à nos ancêtres.


Marie chante : « Le Puissant n’a pas oublié son amour. Il se souvient de la promesse, qu’Il avait faite à Abraham et à ses descendants ». Nous sommes les descendants d’Abraham, nous les chrétiens. Mais les juifs et les musulmans qui nous entourent sont aussi des enfants d’Abraham. Marie est bien connue chez les musulmans. Le Coran en parle très souvent. C’est pour cela que nous pouvons la fêter et la prier ensemble. Et nous aider les uns les autres à suivre son exemple.


C’est donc tous ensemble, que nous devons changer notre société pour que le Puissant continue à agir. C’est à nous de continuer les merveilles que Dieu le Tout Puissant a commencé dans le monde. C’est à nous de travailler, pas par nous-même mais avec l’aide de Dieu, à la lumière du Saint Esprit, et à l’exemple de Jésus Christ. Dieu est venu en aide au peuple d’Israël son serviteur, Dieu vient en aide à son peuple du Sénégal, son serviteur, aujourd’hui, en 2017. Que le Seigneur bénisse notre action, qu’Il nous remplisse de sa force et de sa lumière par le Saint Esprit, qu’Il nous remplisse de l’amour de Jésus Christ, Et à ce moment-là, à la suite de Marie, nous pourrons voir les merveilles que le Seigneur fait dans notre monde aujourd’hui, et nous pourrons y participer dans la paix et dans la joie.


Enfin nous avons souligné que nous ne pouvons pas aimer Marie, si nous n’aidons pas les femmes et les jeunes filles autour de nous, surtout celles qui ont besoin de notre soutien. Nous ne pouvons pas respecter Marie, si nous ne respectons pas les femmes qui sont autour de nous. C’est à cela que Dieu nous appelle. Son exemple et sa prière nous aident à vivre comme elle. Que le Seigneur nous bénisse !

P. Armel Duteil



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